Un été 2019 catastrophique

L’inauguration du nouvel amphithéâtre géant a confirmé les craintes de nombreux citoyens: la pollution événementielle du Parc Jean Drapeau n’aura jamais été aussi forte qu’au cours de l’été 2019 (voir le bilan provisoire de l’été 2019 que nous avons préparé):

  • Plus de 570 plaintes ont été reçues entre le 15 mai et le 15 août 2019, ce qui représente une augmentation de plus de 50% par rapport à la même période en 2018
  • Le sonomètre installé rue Merton a mesuré de nombreuses pointes à plus de 75dBCmax, parfois 85dBCmax, et même 93dBCmax (ÎleSoniq)
  • Ces pointes capturent l’effet du bruit impulsionnel (percussions et basses fréquences)
  • Les mesures d’atténuation annoncés par le Parc Jean Drapeau et la ville de Montréal sont inefficaces (tours à délais, limites de bruit)
  • La situation était pourtant prévisible selon les tests et simulations pré-existants (rapports Octave acoustique 2014, SoftdB 2017)

Les problèmes de pollution sonore du bruit événementiel se généralisent à Montréal

Un tournant pour 2019?

16 mai 2019 – Nous avons appris que la ville de Montréal a adopté, le 7 mai, son ordonnance annuelle d’exemption de bruit pour plus de 80 événements au Parc Jean Drapeau, de 7h à 23h:

  • Des limites de bruit seront imposées, sauf pour certains événements sans limitation
    • Les événements sans limitation incluent le GPF1, la fête nationale du Québec et l’international des feux loto-Québec 
    • Les événements limités à 80 dBA moy15min sont: 77MTL, HeavyMTL, Osheaga, Ilesoniq
    • Les autres événements sont limités à 75 dBA moy15min
  • Ces limites sont de 75 dBA (ou 80 dBA) seront mesurées en dBA moyens 15 minutes, ce qui a pour effet de lisser les mesures (donc de réduire le niveau de son mesuré).
  • Les limites des basses fréquences sont 20 dB de plus que le bruit en dBAmoy15min, donc un maximum de 95 dBC moy15min (ou 100 dBC moy15min pour certains événements)
  • Il n’y aura que 2 points de mesure avec sonomètre: près d’habitat 67 et sur l’île Notre-Dame (le long du bassin olympique, environ à mi-chemin entre l’arrière de l’amphithéâtre et les résidences de Riverside) à une distance d’environ 700m des scènes

8 mai 2019 – Les villes de Montréal et Saint-Lambert ont annoncé des limites de bruit de 75 dbA, à l’exception de certains événements autorisés sans limitation (communiqué de presse du 8 mai). Il s’agit d’un pas concret dans la bonne direction. Mais de nombreuses zones d’ombre demeurent, au risque de vider l’annonce de tout sens (Communiqué de presse de Silence Saint-Lambert):

  • Comment va être mesurée la limite de bruit?
    • S’agit-il de dBA moyens ou de dBA instantanés?
    • Quelle limite pour les basses fréquences (dBC)?
    • En quels lieux?
  • Comment la limite de bruit va-t-elle imposée?
    • Quels seront les mécanismes d’ajustement en cas de dépassement?
    • Quelles seront les pénalités en cas de non-respect, et seront-elles dissuasives?
  • Quels sont les événements autorisés sans limitation?
    • Combien d’événements? Combien d’heures par an?
    • Jusqu’à quelle heure le soir?
    • Comment le Parc Jean Drapeau compte-t-il alors respecter la Loi sur la Qualité de l’Environnement en matière de pollution sonore?
  • Quels sont les événements dont les contrats ont déjà été signés, et jusqu’à quand?

14 décembre 2018 – Le comité bruit Montréal/Saint-Lambert a publié le rapport-bilan de l’été 2018 (voir le rapport-bilan ici et la contre-expertise de Silence Saint-Lambert ici ). Le problème de bruit est enfin reconnu:

  • près de 500 plaintes,
  • des niveaux de bruit parfois 15dBC supérieurs au bruit environnant (ce qui correspond à un niveau de bruit perçu 32x plus fort, l’échelle de bruit étant logarithmique),
  • une dizaine de recommandations et grands principes d’atténuation de bruit (mise en oeuvre de seuils de bruit, travail sur la programmation, respect de la loi etc.)

Reste à voir si les grands principes seront déclinés en actions concrètes satisfaisantes pour les familles de Saint-Lambert et de Longueuil affectées.

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Été 2018: Montréal ne baissera pas le volume

Montréal ne fixera pas de limite de bruit cet été au Parc Jean Drapeau, même si la mairesse Valérie Plante a dit vouloir trouver à terme un terrain d’entente avec la Ville de Saint-Lambert.

Le 8 mai 2018, le conseil de ville de Montréal a adopté une ordonnance qui lève toute limite de bruit pour l’ensemble de la programmation événementielle du Parc Jean Drapeau. Du bruit à prévoir toutes les fins de semaine de mi-mai à début octobre.

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Que va faire Valérie Plante?

Projet Montréal a toujours critiqué les aménagements lancés par Denis Coderre au Parc Jean Drapeau.

Désormais au pouvoir, la Mairesse de Montréal va-t-elle oser revenir sur les investissements insensés de son prédécesseur et lancer une consultation publique? Va-t-elle résoudre durablement le problème de pollution sonore? Va-t-elle tendre la main aux citoyens de Saint-Lambert et respecter la Loi sur la qualité de l’environnement?

Ou bien va-t-elle tout simplement acquiescer devant le fait accompli et les pressions de certains promoteurs privés, au détriment des citoyens?

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Trop de bruit, trop souvent

À titre d’exemple, l’été 2014 a vu 75 activités bruyantes en 65 jours: Vans Warped Tour, Îlesoniq, Osheaga, Heavy Montréal, Linkin Park, Arcade Fire, Piknic Electronik, WE du monde, feux d’artifice, Grand Prix, G1 tours…

Le nombre d’événements qui nécessitent une ordonnance spéciale de la Ville de Montréal les exemptant de toute limite sonore au Parc Jean Drapeau est passé de moins de 30 en 2011 à près de 90 en 2017.

L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) établit pourtant que le bruit environnemental est devenu un véritable enjeu de santé publique.

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Coderre a toujours refusé la négociation

Alors qu’il était maire, monsieur Coderre a

  • Refusé de baisser le volume sonore et a même aboli toute limite sonore au Parc Jean Drapeau (contrairement au règlement en vigueur ailleurs à Montréal)
  • Décidé d’investir plus de 75 millions de dollars d’argent public dans de nouveaux aménagements au Parc Jean Drapeau et la construction d’un nouvel amphithéâtre de plein air géant (65000 personnes)
  • Choisi délibérément d’orienter la scène du nouvel amphithéâtre vers la Rive-Sud (en dépit d’études acoustiques désastreuses et de l’existence de solutions alternatives)
  • Refusé de limiter le nombre de jours de pollution sonore
  • Refusé d’envisager d’autres localisations ailleurs sur Montréal

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Saint-Lambert s’en remet à la justice

Après une dizaine d’années d’efforts de médiation infructueux, la Ville de Saint-Lambert porte l’affaire en justice au printemps 2015.

  • Afin de gagner du temps, le Maire Coderre fait appel et perd: le jugement du 19 janvier 2016 de la Cour Supérieure est une première victoire pour Saint-Lambert
  • Le Maire Coderre cherche un second appel et perd à nouveau: le jugement du 7 avril 2016 de la Cour d’Appel conforte le bien-fondé de la cause de Saint-Lambert
  • Saint-Lambert offre néanmoins 5 nouveaux mois de méditation, sur recommandation de la Cour supérieure. Le Maire Coderre refuse tout compromis
  • Les procédures judiciaires reprennent le 12 septembre 2016
  • Les plaidoiries complètes sont déposées en octobre 2017 à la Cour Supérieure qui doit se prononcer sur les dates du procès.

Après 15 mois de retard infligés par Montréal, le procès n’aura lieu au mieux que fin 2018 voire en 2019. Pendant ce temps, la construction du nouvel amphithéâtre Coderre-Evenko se poursuit.

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